L’exploitation minière : une histoire bien canadienne !


Par Geneviève Cournoyer-Scalise 08 septembre 2020

Le Canada est un pays pionnier de l’industrie minière. L’histoire minière canadienne remonte aussi loin qu’à la découverte de l’Amérique du Nord par Jacques Cartier. À l’époque, l’explorateur croit avoir découvert des diamants et de l’or sur le flanc du cap Diamant dans la région de Québec. Il s’agissait plutôt de quartz et de pyrite, des minerais encore inexploitables étant donné que la colonisation était encore à ses balbutiements. Toutefois, les premiers colons et les autochtones canadiens de l’époque pré européenne s’adonnent au troc comme moyen de commercialisation embryonnaire. L’échange de minéraux, tels que le cuivre, l’or, l’argent et la pierre de feu, sont monnaie courante pour les autochtones qui désire acquérir des biens venus d’Europe. Un signe précurseur qui sous-entend que le sol nord-américain regorge de richesse en minerais. La cohabitation des deux peuples a mené à la découverte de différents gisements miniers, en partie grâce à la connaissance du territoire par les Amérindiens.

Les premières exploitations minières ont débuté au milieu du 17e siècle, principalement au Cap Breton et au Nouveau-Brunswick, où les marins et les colons exploitent des petites quantités d’effleurements de charbon sur le bord du littoral à des fins de commerce local. C’est aux Forges du Saint-Maurice, au Québec, que la première exploitation industrielle à grande échelle voit le jour en Nouvelle-France, avant la fondation du Canada. La découverte de dépôts de fer à proximité permet de répondre à la demande industrielle grandissante en charbon et en fer et les premières activités minières s’y déroulent de 1738 à 1883.

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La course aux minerais est désormais ouverte et la découverte de nouveaux gisements contribue à la colonisation du territoire et au développement du Canada, officiellement fondé en 1867. L’exploration minière est alors en pleine ébullition aux quatre coins du pays, toutefois les moyens de transport sont encore rudimentaires. Les matières minérales sont lourdes et doivent souvent être acheminées sur de grandes distances : la construction d’un chemin de fer s’impose. De 1881-1886, le chemin de fer Canadien Pacifique s’installe dans le paysage canadien afin de connecter le pays d’un océan. Le transport ferroviaire facilite ainsi le déplacement des voyageurs, l’acheminement des matières premières vers les ports, ouvre les portes à l’exportation et par le fait même favorise le développement de l’industrie minière canadienne.

La mine de nickel de Sudbury en Ontario et la mine Sullivan de plomb et de zinc situé dans la région de Kootenay deviennent deux des plus importantes mines au Canada. Puis en 1903, un important gisement de minerais d’argent est découvert à Cobalt dans le nord de l’Ontario et donne naissance à la plus grande mine d’argent en Amérique du Nord. À la fin du 19e siècle, le Canada connait sa première ruée vers l’or avec le Klondike Gold Rush qui a attiré près de 100 000 prospecteurs miniers au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest ainsi que dans le canyon du Fraser, en Colombie-Britannique. L’Ontario connait également son lot de succès grâce à ses exploitations d’or situé à Timmins et à Kirkland.

Dès le début du 20e siècle, le Canada s’impose déjà comme leader mondial de l’industrie minière par la production d’une grande variété de minéraux dont regorge le Bouclier canadien. Les métaux dits communs comme le cuivre, le plomb et le zinc sont désormais essentiels à la production de biens de consommation. Les matériaux bruts sont également très recherchés durant la 1re et 2e guerre mondiale. Ils contribuent en tant que matière première à la confection de matériel militaire, en plus d’approvisionner les usines au cours de la révolution industrielle mondiale.

Après la Seconde Guerre, les progrès technologiques sont nombreux et l’évolution de l’industrie minière canadienne se poursuit avec la découverte de nouveaux minéraux encore inexploités tels que l’uranium trouvé en Saskatchewan et en l’Ontario, ainsi que la potasse localisée dans les Prairies et au Nouveau-Brunswick. Les minerais de type industriel permettent à l’industrie d’entrer dans une phase de transition lorsque les demandes de minerais bruts s’essoufflent, comme ce fut le cas pour le charbon par exemple. L’amiante, le molybdène et le gypse tirent alors leur épingle du jeu dans le domaine de la transformation et s’imposent dans le secteur de la construction de l’ère moderne. Dans les années 1990, le Canada devient grand producteur de diamants et de métaux du groupe platine. Il élargit également ses horizons avec l’exploitation des terres rares, estimées à plus de 15 millions de tonnes d’oxydes de terres rares, une nouvelle source de matières premières essentielles au développement de technologies plus vertes.

De nos jours, le Canada conserve toujours son titre de chef de file avec un peu plus de 200 mines et 6500 carrières en activité. Une production qui compte plus de 60 minéraux et de métaux dont la valeur s’élève à 47 milliards de dollars, selon les dernières données publiées par Ressources naturelles Canada en 2019.1 En plus d’être un grand producteur, le Canada se positionne comme une véritable plaque tournante mondiale de la finance en matière d’exploitation minière en plus de contribuer à l’intégrité des marchés. La Bourse de Toronto (TSX) et la Bourse de croissance (TSX) accueillent près de 50 % des sociétés minières publiques du monde. Ensemble, elles comprennent plus de sociétés minières et d’exploration minérale que toute autre bourse dans le monde, et elles représentent la plus grande part du financement minier par action au monde.2

La reconnaissance de l’expertise canadienne dans l’industrie minière découle indubitablement de son histoire. Bien que son succès soit redevable en partie à la richesse de son sous-sol, ce sont les bâtisseurs de ce pays qui ont rendu possible l’exploitation des mines qui n’a jamais cessé d’évoluer et de s’adapter à la réalité du marché au fil du temps. L’innovation, l’audace et le savoir-faire de toute une nation ont contribué au développement du réseau de transport canadien intermodal. Surmonter les défis en matière de transport et de logistique, c’est bel et bien ce qui démarque le Canada au sein de l’industrie minière mondiale. Car on ne peut le nier, sans la construction des voies ferrées et sans l’expansion des zones portuaires, les succès de l’exploitation minière canadienne n’auraient certainement pas survécu à plus de 400 ans d’histoire !

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