Des expansions portuaires sur le fleuve st-Laurent


Par Geneviève Cournoyer-Scalise 27 novembre 2020

L’agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) a rendu publiques leurs premières évaluations des deux grands projets d’expansion portuaires qui souhaitent voir le jour sur le Saint-Laurent : le terminal Contrecœur du Port de Montréal et le Projet Laurentia du Port de Québec.

Terminal Contrecœur, Port de Montréal

L’agence fédérale chargée de s’assurer que les projets présentés ne soient pas susceptibles d’entrainer des effets environnementaux négatifs importants a donné le feu vert dans un premier rapport provisoire au Port de Montréal quant à l’expansion de ses activités au terminal de Contrecœur. Même après avoir requalifié l’ancien site de vrac en site dédié aux conteneurs dans ses installations portuaires localisées entre le boulevard Pie-IX et Viau sur la rue Notre-Dame Est, le port de la métropole atteindra sa capacité maximale sous peu. Le projet qui était sur la table du Port de Montréal depuis un certain temps viendra répondre à la demande accrue de la clientèle et s’enregistre dans un esprit de croissance organique des opérations portuaires des cinquante dernières années. Ce projet d’envergure d’une capacité de 1,15 million de conteneurs EVP par an, n’aura plus qu’à attendre le verdict gouvernemental final, prévu dès le premier trimestre de 2021, pour aller de l’avant.

Selon l’administration du Port de Montréal, un nouveau terminal à Contrecœur permettra un accès optimal au transport intermodal. En plus d’être un avantage concurrentiel pour l’ensemble de l’industrie du transport et de la logistique, la mise en place de ce projet favorisera la croissance économique du Québec et de l’est du Canada grâce au marché des conteneurs. « Si on ne développe pas un autre terminal, la croissance va avoir lieu quand même, mais ailleurs. Elle se déplacerait vers notre port concurrent qui est le port de New York, ce qui constituerait une perte en développement économique pour nous », soutient Mme Sylvie Vachon, Présidente-directrice générale du Port de Montréal. 1

Projet Laurentia, Port de Québec

Un second port de conteneur dans la baie de Beauport, pourquoi pas ? Nous avons déjà soulevé les multiples avantages que l’implantation de ce projet pourrait apporter à l’ensemble de l’industrie du transport et de la logistique de la province, dans l’article suivant : Un second Port dédié uniquement aux conteneurs au Québec. Le projet Laurentia, qui désire ardemment se concrétiser en 2021, est désormais dans l’obligation de freiner son élan à la suite d’un rapport un peu moins reluisant rendu par l’agence fédérale. Dans son rapport l’AEIC soulève une certaine inquiétude quant à l’impact environnemental du projet sur l’habitat de certains poissons, dont le Bar rayé du Saint-Laurent. De plus, un plus grand achalandage routier dans le secteur préoccupe également l’agence fédérale en ce qui concerne la qualité de l’air des résidents du quartier voisin, Limoilou.

Toutefois, il faut savoir que le rapport de l’AEIC est basé sur les données fournies par Pêches et Océans Canada qui ne semble pas tenir ses registres à jour. Selon une étude menée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, le Bar rayé du Saint-Laurent ne figure plus comme une espèce en péril, car elle aurait complètement disparu depuis 1968. 2

Quant à l’impact sur la qualité de l’air, il faudrait plutôt pointer du doigt le bois de chauffage qui serait responsable de plus de 60 % des particules fines que l’on retrouve dans l’air de ce secteur de la ville, plus particulièrement durant la saison hivernale. Le PDG du Port de Québec, M Mario Girard, a tenu de rappeler que « la Santé publique avait décrété que la qualité de l’air dans le secteur était semblable à celle de tout autre milieu urbain et que le port a une contribution négligeable à l’émission de polluants. Les activités du Port de Québec représentent moins de 3 % de toutes les poussières présentes au sol dans la zone environnante à ses installations ». 3

L’administration du Port de Québec a également fait valoir qu’il s’agit d’un rapport préliminaire et qu’elle entend bien faire valoir ses arguments durant la période ouverte de 30 jours dédiée aux réponses en lien avec les conclusions du rapport de l’agence d’évaluation d’impact du Canada.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les 2 projets ne sont pas réellement en compétition. À la suite d’une étude commandée par le Port de Québec, Laurentia ravirait environ 10 % du volume de conteneurs à Montréal, mais que la majorité serait plutôt dérobée à des ports américains. 4 

Dans les mois à venir, il sera certainement intéressant d’observer les avancées de ces deux projets respectifs qui promettent des opportunités et des retombées économiques majeures pour l’ensemble de notre industrie et pour le commerce international. Un dossier à suivre…

Pour en apprendre davantage sur ces 2 projets respectifs :

Vous aimez cet article? Partagez-le avec vos amis!